
”Comme le dit le chanteur Ticken Jah, « le pays va mal, très mal… ». Ce qui nous a été donné de voir le 19 mai dernier lors des affrontements à Abobo et dans d’autres communes d’Abidjan est une honte pour notre pays”, s’est indigné la présidente de l’Union pour la République et la Démocratie.
Cette indignation de Danièle Boni-Claverie fait suite aux événements survenus le mercredi 19 mai 2021. Des ressortissants nigériens avaient été attaqués par des Ivoiriens après la publication d’une vidéo dans laquelle des individus sont abattus. Une cyberativiste ivoirienne a alors appelé la population à s’attaquer aux nigériens car selon, les individus abattus seraient ses compatriotes ivoiriens et les auteurs seraient des nigériens.
Pour la présidente de l’URD, ces évènements nous interpellent également sur nos relations avec nos frères de la Cedeao qui vivent en Côte d’Ivoire.
“Sujet, parait-il, délicat qu’il serait malséant d’évoquer. Et pourtant l’exaspération des Ivoiriens ne cesse de grandir face à une paupérisation grandissante accentuée par le délestage, les coupures d’eau et la cherté de la vie. On ne peut pas accepter sans broncher que des tueries et des pillages soient perpétrés contre des étrangers sans chercher à en analyser les raisons. Les Ivoiriens ne sont pas xénophobes, ils le démontrent depuis des décennies. Dans quel pays africain, l’étranger a-t-il accès aux soins de santé, à l’éducation, à la terre, aux emplois publics et à participer à toutes les élections au même titre que les Ivoiriens. Cette longue tradition d’hospitalité s’est reconfigurée sous la pression politique et économique mais n’a jamais débouché sur une véritable politique d’immigration”, soutient-elle.
Et de poursuivre en ces termes, “Ces évènements regrettables ne sont pas à mon sens, la conséquence « d’une forte dérive identitaire » comme certains se plaisent à le souligner. Autant, lorsque le climat économique est euphorique, il n’y a aucun problème, autant en période de récession, la tendance est de tourner un regard accusateur vers l’autre c.à.d. vers l’étranger. Aussi, pour éviter que nos frères de la Cedeao ne soient perçus comme des dangers, il nous semble à l’Urd impérieux d’organiser les flux migratoires, alimentés en son temps par les besoins en main d’œuvre pour le développement d’une économie de plantation. Il revient aussi au pays récepteur de savoir gérer ses migrants et éviter qu’ils n’effectuent un repli sur eux-mêmes, préjudiciable à des relations harmonieuses avec les autochtones.
Selon elle, il est également indispensable que l’Etat mette un terme à la fraude sur la nationalité ivoirienne qui s’acquiert trop facilement par des voies détournées et dévalorise ainsi un acte symbolique fort qui ne peut être réduit à une simple formalité administrative et encore moins être le résultat d’un acte délictueux.
“La Côte d’Ivoire est riche de sa diversité, consciente qu’elle ne peut se soustraire à sa vocation d’accueil, ne serait-ce que dans une optique de stabilité sous régionale mais cette mission ne peut s’accomplir au détriment de ses propres ressortissants”, a-t-elle dit.
Diane Kablankan
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