
Après l’acquittement définitif du Président Laurent Gbagbo et du Ministre Charles Blé Goudé, Sam l’africain se confie à Ovajab media dans cet interview.
« Je demande à Tabo M’Beki de rentrer avec Gbagbo »
Le 31 mars dernier, le Président Laurent Gbagbo et le ministre Charles Blé Goudé ont été définitivement acquittés par la Cour pénale internationale (Cpi). Comment avez-vous vécu cette nouvelle ?
(Il observe un bref silence, la tête baissée, puis la relève). Je voudrais remercier Dieu qui a assisté le Président Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé. Je suis particulièrement soulagé. On dit souvent que la vérité fini toujours par triompher du mensonge. Alors y a-t-il meilleure preuve de vérité que celle qui nous a été donnée de vivre pendant les dix (10) années de procès ? Je n’ai jamais douté de leur innocence. Mais la vérité sur les trois mille (3.000) morts déclarés n’est pas encore connue. La Cpi s’est engagée à faire la lumière sur cette affaire. Qu’elle nous dise maintenant qui sont les bourreaux de ces 3.000 personnes mortes dans le pays, pendant la crise post-électorale de 2011, s’il est établit clairement que ce n’est ni Gbagbo, ni Blé Goudé qui en sont les auteurs. En Afrique, on ne joue pas avec la mémoire d’un mort. Comme elle sait dire la vérité, la Cpi doit nous dire qui a commis les atrocités pour lesquelles l’on a privé au président Laurent Gbagbo 10 années de sa vie. Du reste, je suis très heureux que mon mentor Gbagbo soit enfin libre.
Le discours politique qui vous rapproche de lui vous a souvent valu la prison. Mais malgré cela, vous êtes resté constant dans votre engagement auprès de Laurent Gbagbo…
Oui, mais parce que je connais l’homme, je connais le politicien. C’est démocrate qui ne saurait ôter la vie de son prochain. Et jamais, je ne vais le trahir, quel que soit ce que cela va me coûter. La prison est construite pour les hommes. Si je n’ai pas eu peur de faire ce que j’ai fait à la Cpi, je ne vois pas de qui j’aurai peur, si ce n’est craindre Dieu.
Vous étiez l’un des témoins à ce procès, au moment où personne ne s’y attendait. Racontez-nous un peu comment vous avez vécu ce moment-là.
(Il sourit). En effet, une erreur technique dans la salle de la Cpi a dévoilé mon nom. Et la nouvelle s’est rependue comme une trainée de poudre. Ça été un moment terrible pour moi et ma famille, qui avait été menacée de représailles. L’on m’a traité de tous les noms. Je reconnais que cela a été très difficile pour moi de supporter les injures et les regards de ceux qui, avant ce malheureux évènement, me portaient en estime. Les gens disaient ce qu’ils voulaient de Sam l’Africain, grand partisan du Président Laurent Gbagbo. On racontait que j’étais le Judas qui allait sceller le sort de Laurent Gbagbo et de Charles Blé Goudé. Ils racontaient que j’étais un témoin à charge…
N’est-ce vrai ?
Non, ce n’était pas faux au départ. Mais souvenez-vous que Laurent Gbagbo a dit que ‘’quand on t’envoie il faut savoir t’envoyer’’. C’est ce que j’ai appliqué. Car, je n’avais jamais accepté que ce monsieur qui avait, une première fois, sauvé la vie de ma génitrice, soit traité de la sorte. A cette époque, lorsque les enquêteurs de la Cpi venaient m’interroger, je me posais cette question après leur départ : comment faire pour lui rendre tous les bienfaits qu’on lui connait ? C’est alors qu’avant mon départ à la Cpi, je me suis confié à un Journaliste que vous connaissez très bien, mais dont je tais le nom. Je lui ai dit ceci : « Je m’en vais sauver Laurent Gbagbo ». Alors il a rétorqué en me demandant comment j’allais m’y prendre, avec toutes les audiences et autres enregistrements des enquêteurs. Pour le rassurer, je lui ai expliqué que mon Conseil juridique m’a dit que seul, ce que je vais dire devant le président du Tribunal a valeur de vérité. Entretemps, j’avais posé, moi aussi, ma condition. Celle de témoigner à visage découvert ; Et personne ne se doutait que j’avais un plan à dérouler. Voilà comment j’ai pu me défendre et faire ce que vous avez suivi en 2016, à la Cpi.
Cela a quand-même été un risque pour vous qui, en plus, avez témoigné à visage découvert…
Est-ce qu’il y avait plus grand risque pour moi, que ce qu’encouraient les illustres prisonniers ? J’étais plutôt serein, j’étais préparé à ce que je devais dire devant la Cour.
Aujourd’hui, cette affaire pilotée par le Bureau du procureur, Fatou Bensouda, est définitivement close. Avez-vous des griefs contre cette dame ?
Pourquoi voudriez-vous que j’ai des griefs contre quelqu’un qui a bien fait son travail ? C’est qu’elle a fait qui a sauvé Gbagbo et Blé Goudé. Vous n’avez pas suivi comment la pile de faux dossiers a été démontée ? Nous savions tous ce qu’elle faisait. C’est son travail. Elle pense l’avoir bien fait. Tant mieux pour nous. Mais il faut maintenant que la Cpi nous présente les auteurs des tueries.
Après la décision de la Cour d’appel de la Cpi qui a confirmé l’acquittement, il est de plus en plus question du retour du Président Laurent Gbagbo en Côte d’Ivoire. Comment entrevoyez-vous ce retour ?
Ce sera un retour triomphal ! Ce sera une très bonne chose que le Président Laurent Gbagbo et le ministre Charles Blé Goudéregagnent leur pays, après 10 années d’absence. A ce niveau, je voudrais personnellement souhaiter que la Cedao, les Présidents Alpha Condé de la Guinée Conakry, le Président Théodoros Obiang N’guema de la Guinéé-Equatoriale, le Président Dénis Sassou N’guesso du Congo Brazzaville, sans oublier l’ex-chef d’Etat sud-africain, Tabo M’Beki, qu’ils acceptent de bien vouloir constituer une forte délégation, qui va rendre visite à leur frère, le Président Laurent Gbagbo, afin de le ramener dans son pays, la Côte d’Ivoire. Ce sera un moment très fort. Un moment qui va traduire la solidité de la fraternité africaine.
Cependant, ce sera une symphonie inachevée, si nos frères et sœurs exilés ne rentrent pas, eux aussi. Il faudra également que le chef de l’Etat, Alassane Ouattara, prenne une décision courageuse pour la libération des prisonniers politiques et militaires. Car la Nacip estime qu’avec la fin de ce procès, les Ivoiriens devraient pouvoir se pardonner, à commencer par le chef de l’Etat. Sortons des émotions. il est temps de tourner la page de la crise. Cela grandira la Côte d’Ivoire.
En ce qui nous concerne, au niveau de la Nacip, nous préparons, pour très bientôt, une tournée de sensibilisation à travers tout le pays, notamment à Dabou, à Bonoua, à Gagnoa et dans la région de Sinfra etc. Nous entendons appeler et préparer les esprits et les cœurs à l’apaisement, au pardon, à la cohésion sociale, afin que la réconciliation nationale annoncée soit bien accueillie dans le pays.
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