
Tel un félin en embuscade, le Président Laurent Gbagbo attaque indirectement ses adversaires politiques sur des sujets d’intérêt national. Jouant l’ironie à fond l’ironie, il est revenu sur un projet dont les Ivoiriens en attendent beaucoup : celui du transfert de la capitale politique à Yamoussoukro.
Devant des partisans, l’ancien prisonnier de Scheveningen, qui a ignoré royalement les travaux de développement de son successeur, Alassane Ouattara, a plutôt ironisé sur l’état d’Abidjan, la capitale économique ivoirienne. « Depuis que je suis revenu le 17 juin dernier, je constate et c’est dommageable, qu’Abidjan soit devenue une ville aussi étouffée et étouffante. C’est trop rempli. Même pour faire 5 kilomètres pour aller saluer un copain, tu mets peut être une heure d’embouteillage, même à Cocody, surtout à Cocody. Je ne savais pas que Cocody était devenu si rempli. Il n’y a pas de différence entre les quartiers résidentiels et les autres quartiers », a-t-il fait remarquer.
Gbagbo attaque implicitement et se moque là où ni le Président Konan Bédié, ni lui-même, n’ont pu faire mieux que le Président Alassane Ouattara.
C’est en mars 1983, que Yamoussoukro (renommé en hommage à la Reine Yamousso dans les années 1930), est devenue la capitale politique et administrative de la Côte d’Ivoire, par un vote à l’Assemblée nationale et formalisé par la loi n° 83-242 du 21 mars 1983.
Feu le Président Félix Houphouët-Boigny a ainsi décide de transférer l’administration d’Abidjan à Yamoussoukro. Chacun de ses successeurs en a fait sa priorité.
A son accession au pouvoir en 1993, au décès d’Houphouët-Boigny, le Président Henri Konan Bédié rend la loi de 1983 applicable, grâce au décret n°97-177 du 19 mars 1997. Permettant la mise à disposition du périmètre foncier devant abriter les sièges de des Institutions nationales dont notamment le Palais présidentiel, l’Assemblée nationale et du Senat. Il n’a fait que cela.
Par décret n°2002-483 du 30 octobre 2002, le Président Laurent Gbagbo, qui l’a succédé, crée le Programme spécial de transfert de la capitale à Yamoussoukro (Pstcy), pour coordonner l’ensemble des opérations liées à ce transfert.
En 2004, les travaux de l’hôtel parlementaire démarrent et s’achèvent en 2006. Plus rien.
Le Pstcy est stoppé et dissout en janvier 2012, par le décret n°2012-02 du 09 janvier 20012, sous le Président Alassane Ouattara. Qui rattache directement et les activités de ce programme à la présidence de la République.
Mais là encore, l’actuel locataire du Palais présidentiel d’Abidjan donne des arguments à Gbagbo de s’en moquer, en avouant son échec.
Il y a 2 ans, précisément le vendredi 06 décembre 2019, le Président ivoirien Alassane Ouattara a affirmé que son « seul regret, c’est de n’avoir pu transférer la capitale à Yamoussoukro (Centre) », à une rencontre avec les chefs traditionnels. « Le seul regret que j’ai, c’est de n’avoir pu transférer la capitale à Yamousoukro comme je l’avais promis », a déclaré Ouattara à la résidence de Félix Houphouët-Boigny, dans le cadre des journées d’hommage au premier président de la Côte d’Ivoire, à l’occasion de la commémoration des 26 ans de son décès. Il s’est même excusé de n’avoir pu « honorer (son) engagement » de transférer la capitale à Yamoussoukro.
Mieux, le 14 novembre 2010, lors de son meeting de campagne à Yamoussoukro, devant les populations, Alassane Ouattara avait déclaré très confiant en ces termes : « Je l’ai dit, et je le repète, dès mon élection, je m’installerai ici, à Yamoussoukro ». Quand devra-t-il y aménagé ? Les Ivoiriens s’interrogent et l’attente de ce déménagement se fait longue.
Fort heureusement pour lui, il y a encore des Ivoiriens qui le croient toujours capable de tenir parole. « Je tiens toujours mes promesses, nous ferons en sorte que dans les années à venir le transfert effectif de la capitale ait lieu », a-t-il promis. Qu’à cela ne tienne ! Parce que les Ivoiriens ne veulent pas s’imaginer que ce n’était pas juste une promesse de campagne.
Car, le transfert de la capitale à Yamoussoukro est un moyen de décentralisation du pouvoir. Avec pour raison, le fait d’éloigner le « pouvoir du peuple » pour une meilleure stabilité politique.On pense aussi, selon le politologue ivoirien, Innocent N’go-, que ce transfert est un moyen d’anticiper la montée des eaux en région côtière de Côte d’Ivoire comme Abidjan qui concentre plus de 5 millions d’âmes, ce qui représente un fort risque de catastrophe humanitaire. Mais ‘’cette thèse n’est pour l’instant pas confirmée’’, à l’en croire. Dossier à suivre.
Frimo K.D.
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