
Au cours d’une interview accordée à Rfi ce jour, Charles blé Goudé, président du Congrès panafricain pour la justice et l’égalité des peuples (Cojep), a donné sa position sur le nouveau parti (en gestation) du Président Laurent Gbagbo. Il est revenu également sur les conditions de son retour en Côte d’Ivoire, il a parlé de la présidentielle de 2025. L’intégralité de son interview ce jour sur Rfi.
Quand pensez-vous rentrer en Côte d’Ivoire ?
Malheureusement, cela ne dépend pas de moi. Cela dépend entièrement du Président de la République de Côte d’Ivoire. Et j’attends mon tour, puisque mon codétenu est rentré.
Vous attendez quoi précisément pour pouvoir rentrer ?
J’attends d’abord que mon passeport me soit délivré. J’ai été enrôlé le 16 juillet dernier, mais j’attends aussi d’arrêter une date de retour avec les autorités ivoiriennes. Parce que sans leur accord, je ne peux pas rentrer en Côte d’Ivoire.
Est-ce que vous avez déjà commencé des discussions avec les autorités ivoiriennes ?
La Cour est en contact avec les autorités ivoiriennes. Mon parti est en contact avec les autorités ivoiriennes et nous attendons. Pour un dossier d’une telle envergure, point n’est besoin de faire beaucoup de bruits. Cela se prépare dans le silence et sans bruit.
Est-ce que vous avez une date, une échéance pour recevoir votre passeport ?
Non, mais la plupart des citoyens ivoiriens qui ont déjà fait cette requête, me font savoir qu’elle dure un mois, un mois et demie. Je pense que nous sommes pour le moment dans le délai.
Vous avez été condamné à 20 ans de prison, pour des faits commis lors de la crise post-électorale ivoirienne. Est-ce que vous ne craignez pas de devoir purger cette peine une fois de retour ?
Beaucoup de leaders pro-Gbagbo, y compris le Président Gbagbo lui-même, ont été condamnés à 20 ans d’emprisonnement et sont, en ce moment, de retour en Côte d’Ivoire et vaquent à leurs occupations. Je ne sais pas pourquoi pour moi, il devrait en être autrement. Je compte sur la magnanimité du président de la République pour que le même geste soit fait en ma faveur.
Une fois rentré en Côte d’Ivoire, qu’est-ce que vous prévoyez de faire ?
Les Ivoiriens au nom de qui tous les leaders parlent, ont besoin d’une seule denrée, c’est la paix. Quand je rentrerai en Côte d’Ivoire, d’où je suis sorti sous fond de crise, je vais servir d’élément de paix pour pouvoir ajouter ma pierre à l’édifice de la réconciliation qui est déjà en cours. Pour le moment, c’est le seul projet que j’ai. Ensuite le reste, on verra.
Laurent Gbagbo est rentré en Côte d‘Ivoire en juin. Est-ce que vous avez été en contact avec lui depuis qu’il est rentré ?
Avant qu’il ne prenne son avion, oui. Et quand il est arrivé, il m’a appelé pour me dire qu’il était bien arrivé.
Depuis son retour à Abidjan, il n’a pas prononcé votre nom, il ne vous a pas évoqué publiquement. Est-ce que vos relations sont toujours bonnes ?
En tout cas, en ce qui me concerne, je pense qu’il n’y a pas de nuage dans les relations entre le Président Laurent Gbagbo et moi. Et si jamais il y en avait, ce n’est pas dans les micros qu’on règle les problèmes avec son mentor. Donc je ne crois pas qu’il y ait un problème. Pour le reste, je laisse chacun faire ses interprétations. Et l’interprétation de chacun l’engage.
Que pensez-vous de la décision de Laurent Gbagbo de créer un nouveau parti politique et d’abandonner le Fpi ?
Le Président Laurent Gbagbo a suffisamment expliqué les raisons pour lesquelles il a pris une telle décision. Je ne voudrais pas faire de commentaires outre-mesure. Je respecte cette décision et je me rends compte que le paysage politique en Côte d’Ivoire est en pleine mutation. Et c’est tant mieux pour la démocratie.
Laurent Gbagbo a annoncé la création d’un nouveau parti. Est-ce que vous allez adhérer à ce nouveau parti ?
Tous les leaders proches du Président Laurent Gbagbo sont en Côte d’Ivoire, sauf moi. Quand je serai de retour dans mon pays, que je me serai imprégné des réalités, que j’aurai soumis la question à mes collaborateurs et que nous l’aurons soumise aux instances du Congrès panafricain pour la justice et l’égalité des peuples (Cojep), nous rendrons public notre décision. Et ce ne sera pas la décision de Charles Blé Goudé. Ce sera la décision concertée de tout le Cojep.
On entend régulièrement parler de renouvellement de génération, renouvellement de la classe politique. Est-ce que vous considérez que vous-même faites partie de cette nouvelle génération ?
J’ai été leader étudiant, j’ai créée un mouvement qui est finalement devenu le Cojep et ma génération aspire un jour diriger la Côte d’Ivoire. Nous n’avons pas encore exercé assez de fonctions politiques en tant que telles. Alors je fais partie de cette génération qui n’a pas encore géré la Côte d’Ivoire. Si on peut appeler cela nouvelle génération, oui, j’en fais partie.
La prochaine présidentielle c’est en 2025. Avoir pour projet de gérer la Côte d’Ivoire comme vous dites, de 2025, c’est envisageable pour vous ?
Madame, nous sommes en 2021 et je suis encore ici, à La Haye. Alors que tous les leaders proches du Président Laurent Gbagbo sont en Côte d’Ivoire. Quand j’aurai fini de retourner dans mon pays et que je me serai, imprégné des réalités politiques, que j’aurai discuté avec les instances de mon parti, tout le reste est possible.
Que ce soit 2025 ou de prochaines échéances, votre objectif est de vous présenter comme candidat à la présidentielle en Côte d’Ivoire ?
J’ai dit que je me présenterai un jour à la présidence de la République de Côte d’Ivoire. Je ne suis pas dans le fétichisme des dates. Pour réclamer l’ail du poulet, il faut être au moins là où on le découpe. Attendez que je sois là, où on découpe le poulet, et je réclamerai l’ail. Pour l’instant, je suis en train de m’employer comme je peux à pouvoir rentrer dans mon pays.
Retranscription : Frimo K.D
Source RfiNB : les titres sont de la rédaction
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