
Konan Kouadio Siméon dit (KKS), président d’Initiatives Pour la Paix (IPP), par ailleurs, candidat aux présidentielles 2010 et 2015, dans cette déclaration appelle à un dialogue national en vue d’un nouveau contrat social.
Selon lui, cet appel au peuple de Côte d’Ivoire et surtout aux actuels dirigeants du pays trouve sa nécessité dans la situation socio-politique actuelle du pays. Ci-dessous, ladite déclaration
Citoyennes, citoyens
Le monde est en plein bouleversement. D’un côté, l’occident, confronté au rapport de force de plus en plus inconfortable se bat pour maintenir son hégémonie. De l’autre côté, le reste du monde avec la Chine et la Russie en tête, bataillent pour mettre un terme à cette longue domination.
Dans cette bataille qui est à la fois économique, politique mais aussi et surtout civilisationnelle, les peuples africains aujourd’hui à la traine et à la recherche d’une véritable indépendance et de leur souveraineté après 6 siècles d’esclavage, de colonisation et de néo colonialisme, n’est pas en reste.
Pour l’Afrique donc, entendons le bien, après 400 ans d’esclavage, près d’un siècle de colonisation et plus de 63 ans de néocolonialisme, la question se pose en termes de recouvrement de sa pleine et entière souveraineté. Et ce, sur le plan aussi bien politique, militaire que monétaire.
Ce vent, comme celui des indépendances avant-hier et du multipartisme hier, est irrésistible. Il n’épargnera aucun pays, aucun peuple. La question est de savoir si chaque pays et chaque peuple attendront de le subir ou s’organiseront pour l’anticiper.
Le subir, c’est affronter les forces souverainistes,
L’anticiper, c’est entendre d’ores et déjà le message du changement de paradigmes pour la souveraineté et l’autodétermination et en créer le cadre pour son effectivité.
La Côte d’Ivoire, notre pays doit se préparer à cette évolution, que dis-je, à cette révolution. C’est une exigence du temps.
Cher compatriotes,
Cette exigence est devenue d’autant plus vitale pour notre pays que cette ère nous trouve à un moment particulièrement délicat de son histoire.
1)-Elle nous trouve dans une Côte d’Ivoire encore fortement traumatisée par 30 années de crises politiques, de rébellion et de guerres avec les bilans que nous connaissons, une Côte d’Ivoire aux populations encore méfiantes les unes des autres, des populations qui continuent de se regarder en chiens de faïence, faute d’une véritable réconciliation nationale.
2)-Elle nous trouve à un moment où le tableau politique national n’a jamais été aussi sombre avec l’avènement désormais manifeste d’une autocratie qui s’enracine de jour en jour avec la création et la multiplication d’institutions à la guise du chef et la menace du retour au parti unique. Les résultats des consultations récentes ne laissent aucun doute sur cette orientation.
3)-Elle nous trouve dans un contexte de cherté de la vie et d’appauvrissement généralisé des populations dont la grande majorité peine à s’offrir deux repas par jour. Un contexte de précarité où la jeunesse, sans aucun espoir du lendemain, n’a d’autres projets que la traversée de la méditerranée quand d’autres s’abandonnent à la drogue dont notre pays est devenu l’une des plaques tournantes. Et tout cela, en dépit des taux de croissance et des indices économiques présentés comme parmi les meilleurs au monde.
Toutes ces situations, fruit du système économique et politique sous domination qui est le nôtre, ne nous laissent d’autre choix que de nous inscrire résolument dans la lutte pour la restauration de notre pleine et entière souveraineté.
Cette exigence du temps, elle nous trouve surtout à un moment où nous ne pourrons compter sur certaines valeurs clés de la lutte. Certaines parce qu’elles nous ont quittés, d’autres parce que diminuées et affaiblies par la longue lutte et les contrecoups impitoyables du combat.
Je veux rendre hommage à la mémoire du président Henri Konan Bédié et saluer son action constante et résolue pour la construction de la nation. Je veux également adresser tous mon respect au président Laurent Gbagbo pour sa résilience et sa lutte obstinée pour la souveraineté de notre pays. Je salue également le Président Alassane Ouattara pour le rôle qui a été le sien dans l’éveil de de la conscience nationale.
En tout état de cause, cette lutte ne peut être celle des seuls leaders et partis politiques car comme le démontre la ridiculisation et la neutralisation de l’opposition ivoirienne qui, alors que le peuple averti exigeait un dialogue national avec toutes les forces vives, avait naïvement cru pouvoir affronter seule l’autocratie à travers un prétendu dialogue politique dont le résultat est aujourd’hui sous nos yeux, aucune classe politique, quel que soit le charisme de ses leaders n’a jamais pu vaincre seule une dictature en dehors du peuple.
Le combat pour l’achèvement du processus de la décolonisation et de l’indépendance entamé 70 ans plutôt, le combat de la véritable auto détermination et de la pleine et entière souveraineté de notre pays est un combat du peuple. Il appartient à chaque ivoirienne et à chaque ivoirien de le mener. La paix et la stabilité dans notre pays, les emplois pour nos enfants et petits-enfants, le bien-être social et, de façon générale, la prospérité et le développement de notre pays en dépendent.
Ce combat, nous pouvons et devons le mener dans un cadre démocratique.
A présent que le voile est déchiré, maintenant qu’il est manifeste que nous ne sommes point en démocratie en Côte d’Ivoire, le premier fondement à restaurer ici et maintenant est la démocratie. Non pas celle en pratique ici qui n’en est pas une. Mais celle initiée depuis des lustres sur le continent-mère, celle conforme aux valeurs culturelles, spirituelles et morales de notre continent.
Celle qui se définit comme étant le gouvernement du peuple par le peuple et pour le peuple. Une démocratie dans laquelle le choix des dirigeants et l’affaire exclusive du peuple et non de l’ex puissance coloniale, une démocratie dans laquelle le peuple contrôle et sanctionne les gouvernants, une démocratie dans laquelle le peuple est coparticipant de la gestion des affaires de l’Etat.
Dans cette perspective, je me permets de remettre au goût du jour, puisque j’en ai été l’initiateur, la nécessité du dialogue national afin de construire de façon consensuelle les bases d’un nouveau contrat social.
J’en appelle respectivement à cet effet à la mobilisation et au sens de la responsabilité du peuple de Côte d’Ivoire et du chef de l’état pour cette exigence vitale.
Vive la Côte d’Ivoire totalement indépendante, pleinement souveraine et prospère.
Dieu bénisse son peuple.
Fait à Abidjan, le 09 octobre 2023
Konan Kouadio Siméon (KKS)
Président d’Initiatives Pour la Paix (IPP)
Candidat aux présidentielles 2010 et 2015
NB : Le titre et le chapeau sont de la rédaction
BS
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