
L’assassinat de Deagoué Zigui Mars Aubin, étudiant en Master 2 d’Anglais, continue de susciter des réactions. La dernière en date est celle de l’observatoire international des questions des droits (OID).
Dans une déclaration rendue publique le 4 octobre 2024 et signée de son président , Arsène Touho, cette organisation de défense de droits l’Homme a fermement condamné cet assassinat.
«Dans la nuit du 29 au 30 septembre 2024, l’Observatoire International des questions de Droits a été informé de la découverte du corps sans vie de l’étudiant DEAGOUE ZIGUI MARS AUBIN dans les encablures du CHU de Cocody. Selon les informations des autorités policières il s’agit d’un assassinat.
C’est le lieu pour l’OID de rappeler que nul n’a le droit d’ôter la vie à autrui. Le droit à la vie est garanti par l’article 2 de la Constitution ivoirienne et l’article 6 du pacte international relatif aux droits civils et politiques ratifié par l’Etat de Côte d’Ivoire. En outre, l’OID condamne fermement l’escalade des violences sur l’espace universitaire qui porte gravement atteinte au droit à l’éducation et salue les promptes réactions aussi bien des autorités policières qui ont permis de procéder aux premières interpellations que du gouvernement qui a pris une mesure conservatoire visant à « interdire toutes les activités des associations syndicales estudiantines sur l’ensemble du territoire national ».
L’OID a également documenté une vidéo de personnes interpellées subissent un traitement portant atteinte à leur dignité. Cette vidéo ne permettant pas d’identifier distinctement la qualité des personnes procédant à l’interpellation, il est néanmoins possible de voir l’une d’entre elles en train d’administrer des fessées à deux personnes couchées au sol en utilisant le dos d’une machette. De tels actes tombent sous le coup de l’article 3 de la Constitution qui proscrit les traitements cruels, inhumains et dégradants », a déclaré l’OID.
Face aux mesures prises faisant injonction ’’aux étudiants occupant les chambres des cités universitaires de façon illégale’’ de libérer lesdites chambres le jour même de la publication du communiqué, soit en moins de 24 heures, l’OID a exprimé ses inquiétudes en ces termes : « Face à tout ce qui précède, l’OID présente ses vives condoléances à la famille de l’étudiant décédé et tient à souligner : son inquiétude face à la mesure conservatoire prise par le gouvernement qui, quoique compréhensible au regard de son but visant à imposer avec fermeté l’accalmie dans l’espace universitaire et à prévenir un probable regain de violence, suscite des doutes légitimes quant à sa portée car non seulement elle n’est pas limitée dans le temps mais elle gèle également les activités des autres organisations estudiantines non concernées par ces évènements. La perpétuation de cette mesure conservatoire ferait basculer le gouvernement dans une violation des libertés fondamentales d’association et de réunion dont il est pourtant le garant au regard des articles 1 et 11 de la Constitution. L’OID marque son étonnement face au communiqué du ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique qui donne l’impression de vouloir se saisir de la clameur publique et de l’émotion suscitée par l’affaire de l’étudiant décédé pour expédier en moins de 24 heures le problème pourtant structurel des logements universitaires qui date depuis des années ».
L’organisation a par ailleurs fait des propositions au gouvernement.
«Enfin l’OID propose : au gouvernement : que la mesure conservatoire soit réévaluée et limitée dans un laps de temps raisonnablement suffisant pour atteindre l’objectif assignée à cette mesure ; aux autorités policières et judiciaires : que l’enquête de cette arrive à son terme et que justice soit rendue ; qu’en outre la sensibilisation soit accrue au sein des agents de police sur l’obligation de préserver l’intégrité physique et morale et de respecter le droit à la dignité des personnes visées par des enquêtes et des actes de police ; au ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique : de surseoir à son ultimatum d’expulsion en 24 heures et de se donner le temps de mettre de l’ordre dans l’attribution des chambres et surtout de se donner pour mission de restituer aux étudiants toutes les résidences universitaires injustement occupées par autrui ».
L’OID n’a pas manqué de lancer un appel aux étudiants et aux organisations scolaires et estudiantines : « L ?OID demande aux étudiants de Côte d’Ivoire de s’armer de beaucoup de courage pour continuer leurs études malgré les conditions matérielles et psychologiques compliquées ; aux organisations scolaires et estudiantines : de renoncer définitivement aux pratiques violentes dans leurs actions et leur fonctionnement et de revenir aux fondamentaux de leur existence pour le bonheur des élèves et étudiants de Côte d’Ivoire. Fait à Abidjan le 04 octobre 2024 ».
A.K
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