
Le 28 septembre 2024, la ville d’Abidjan sera le théâtre d’une mobilisation importante. Un événement qui, de prime abord, pourrait paraître banal, mais qui révèle de profondes tensions entre la communauté burkinabè résidant en Côte d’Ivoire et une partie de la jeunesse ivoirienne, représentée par l’Alliance de la Jeunesse Ivoirienne (AJI). Ce jour-là, la communauté burkinabè, sous la houlette de Dié Millogo, Chargé d’Affaires ad interim de l’Ambassade du Burkina Faso, prévoit un rassemblement patriotique à Abidjan. Cependant, cette initiative suscite une vive opposition de la part de l’AJI, dont le président, Awassa Abdul, ne cache pas son désaccord et appelle même à une contre-manifestation.
Depuis quelques mois, les relations entre la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso sont devenues tendues, notamment en raison de divergences diplomatiques et politiques. Alors que le Burkina Faso traverse une période de transition politique difficile, certains observateurs estiment que les relations entre les deux pays, historiquement marquées par une coopération étroite, ont pris une tournure plus conflictuelle. La montée des tensions politiques dans la région sahélienne, amplifiée par l’Alliance des États Sahéliens (AES), à laquelle appartient le Burkina Faso, a également contribué à creuser un fossé entre Abidjan et Ouagadougou.Dans ce contexte déjà fragile, la manifestation annoncée par la communauté burkinabè en Côte d’Ivoire est perçue par l’AJI comme un acte provocateur, voire une menace à la stabilité du pays. Pour Awassa Abdul, cette mobilisation ne relève pas simplement de l’expression d’un patriotisme burkinabè sur sol étranger. Elle est plutôt une tentative, selon lui, de saper l’autorité et la souveraineté de la Côte d’Ivoire.
Le choix du lieu, à savoir le consulat burkinabè à Abidjan, ainsi que l’organisation de rassemblements similaires à Bouaké et Soubré, renforce l’idée que cette initiative va bien au-delà d’une simple rencontre communautaire.Awassa Abdul a exprimé de manière virulente son opposition à cet événement, soulignant le contexte tendu dans lequel il s’inscrit. Selon lui, la présence de figures telles que Dié Millogo montre que cette mobilisation pourrait servir à envoyer un message politique aux autorités ivoiriennes. À ses yeux, il ne s’agit pas d’un simple rassemblement de Burkinabè venus célébrer leur pays, mais d’une instrumentalisation de leur communauté pour faire pression sur les institutions ivoiriennes. L’AJI ne voit pas cela comme une simple manifestation patriotique, mais comme une tentative déguisée d’affaiblir la position de la Côte d’Ivoire sur la scène régionale, surtout face à un Burkina Faso qui semble vouloir imposer une certaine influence à travers ses ressortissants.
Il est important de rappeler que la diaspora burkinabè en Côte d’Ivoire joue un rôle crucial dans les relations entre les deux pays. En effet, des milliers de Burkinabè vivent et travaillent en Côte d’Ivoire, et cette présence a souvent été un facteur de rapprochement entre les deux nations. Cependant, selon l’AJI, certains éléments de cette diaspora sont aujourd’hui utilisés à des fins politiques qui pourraient mettre en péril cette relation historique.En réponse à cette situation, l’AJI a décidé de prendre une position claire et ferme. Non seulement elle condamne la manifestation prévue, mais elle appelle également la jeunesse ivoirienne à se mobiliser massivement pour montrer son attachement aux valeurs nationales et à la stabilité du pays. Awassa Abdul insiste sur le fait que la Côte d’Ivoire ne doit pas devenir un terrain où d’autres nations viennent tester leurs stratégies politiques ou diplomatiques. Pour lui, permettre à cette manifestation burkinabè de se dérouler sans opposition équivaudrait à accepter une forme de soumission ou de complaisance vis-à-vis de ce qui est perçu comme une provocation. Le rassemblement prévu par l’AJI au Plateau le 28 septembre se veut avant tout un acte de loyauté et de soutien envers le président ivoirien Alassane Ouattara et les institutions du pays. En appelant à cette contre-manifestation, Awassa Abdul entend démontrer que la jeunesse ivoirienne ne tolérera pas d’ingérence étrangère sur son territoire, surtout dans un contexte où les relations diplomatiques avec le Burkina Faso sont déjà fragilisées.
Cependant, cette situation délicate soulève des questions importantes sur la manière dont la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso peuvent gérer leurs différends actuels. Bien que la communauté burkinabè ait le droit d’exprimer son patriotisme, cela doit être fait de manière à ne pas exacerber les tensions entre les deux pays. De leur côté, les autorités ivoiriennes doivent trouver un équilibre entre la gestion de ces manifestations et la préservation de la paix sociale, notamment en évitant de nourrir un sentiment de xénophobie ou de rejet à l’égard des étrangers.Dans cette atmosphère tendue, le rôle de la diplomatie est crucial. Il appartient aux autorités des deux pays de prendre des mesures pour apaiser la situation avant qu’elle ne dégénère.
Car si les manifestations et contre-manifestations prévues se déroulent sans incidents majeurs, elles pourraient aussi devenir le symbole d’une nouvelle ère de confrontation entre la jeunesse des deux nations. La communauté internationale, quant à elle, observe avec attention l’évolution de cette crise, car elle pourrait avoir des répercussions au-delà des frontières ivoiriennes et burkinabè.Au final, cette mobilisation du 28 septembre s’inscrit dans un contexte où la jeunesse ivoirienne, incarnée par l’AJI, semble déterminée à défendre la souveraineté de son pays.
La confrontation annoncée n’est pas seulement une question de patriotisme, mais aussi une réponse à des dynamiques régionales qui pèsent de plus en plus sur les équilibres politiques en Afrique de l’Ouest. Seul l’avenir dira si cette crise débouchera sur une amélioration des relations entre les deux pays ou, au contraire, sur un durcissement des positions et une rupture plus profonde dans leurs rapports diplomatiques.
Essoh Aka
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