Filière Cacao / Le président de la Centrale Syndicale Agricole se prononce

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Seydou Kiébré, le président de la Centrale syndicale agricole était face à la presse le vendredi 27 septembre 2024 pour se prononcer sur l’actualité dans la filière cacao en Côte d’Ivoire et au Cameroun.

A cette occasion, il a abordé plusieurs thèmes entre autres ’’déguerpissement des forêts classées de Bonon/Protection des forêts et de l’environnement, les nouvelles exigences de la filière Cacao : Les Règlementations ouest-africaine (NORME ARS-1000 ) & le Règlement Européen de lutte contre la déforestation (RDUE) ; Quels coûts pour la mise en conformité des producteurs individuels et des coopératives ?’’.

«Les planteurs de Café-Cacao sont au cœur des reformes intervenues dans la filière jusqu’à ce jour.

Economiquement très vulnérables, isolés, dispersés, mal formés ou informés, les planteurs de Café-Cacao connaissent un grand désarroi ; de la stabilisation (Caisse de stabilisation et de soutien des prix des produits agricoles, CSSPPA ou CAISTAB outil financier de régulation des prix créé à l’époque coloniale ; à la libéralisation des filières Café en 1998 et Cacao en 1999 ; puis un retour à la stabilisation avec vente anticipée en 2011.
Qu’est ce qui explique de tels tangos, attirance et rejet à la fois ?

D’un côté la sécurisation du revenu des planteurs face à la volatilité des cours mondiaux. De l’autre côté la recherche d’un prix rémunérateur pouvant couvrir les coûts de production et récompenser les efforts du planteur.
Comme toute œuvre humaine, chaque système de commercialisation interne présente des atouts et des faiblesses.

La Stabilisation, comme le nom l’indique stabilise les Prix et sécurise le revenu du planteur. La libéralisation, comme son nom l’indique libère les Prix mais ne sécurise pas le revenu du planteur. La question des Prix au planteur a donc toujours été une équation à multiples inconnues », a déclaré le conférencier principal.

Pour Seydou Kiébré, face à cette situation, le Conseil Café-cacao se doit d’adopter une autre approche : « Avec une production annuelle de + 2 Millions de tonnes, un système de vente différent et qui ne favorise pas une meilleure qualité, de faire des ventes groupées et discuter directement avec les acheteurs selon l’évolution des cours du jour, le Conseil Café Caca devrait songer à un système hybride de commercialisation pour régler à la fois la question de la sécurisation du revenu et aussi celle d’un revenu rémunérateur qui couvre les coûts de production et récompenser les efforts du planteur»

Se prononçant sur les déguerpissements dans les forêts classées de Bonon, le président de la Centrale syndicale agricole a déclaré : « Quand on sait que 80% de la forêt ivoirienne a disparu depuis les années 60, en partie à cause du cacao, nous devons aborder avec réalisme et sans émotion toutes les thématiques qui englobent la nécessité de protéger la forêt ivoirienne ainsi que les espèces en voie de disparition pour amoindrir les effets du changement climatique qui affectent négativement nos cultures et nos vies.

On est tous d’accord sur la nécessité des déguerpissements dans les forêts classées mais quand on parcourt les localités déguerpies, il nous est imposé de constater la violence avec laquelle les opérations se sont déroulées et comme si cela ne suffisait pas les populations ont été victimes de vol, de pillage, d’incendie de domicile avec tout leur contenu par les hommes en treillis commis à la tâche.

Aujourd’hui nous devons gérer une situation humanitaire avec tous ces élèves qui ne savent s’ils regagneront les salles de classe, leur famille respective n’ayant plus domicile ».

Sur les questions de la NORME ARS-1000 et du règlement européen de lutte contre la déforestation, le président Seydou Kiébré a fait savoir sa position : « Les réglementations ouest africaines (ARS100) et européenne (RDUE) visent à généraliser des pratiques de productions du cacao respectueuses de l’environnement. Si les objectifs de ces nouvelles règlementations sont louables, leurs obligations vont impacter directement les coopératives de producteurs de cacao ivoiriens. De nombreuses questions demeurent sur les conditions techniques, organisationnelles et financières de leur mise en conformité ».

Pour finir Seydou Kiébré a soutenu : « Au vu de toutes les contraintes soulevées, nous demandons à L’UE et autres industriels du Chocolat de reporter la mise en exécution du RDUE à un an en engageant des négociations avec le Gouvernement ivoirien, le Conseil café-cacao et les Syndicats agricoles ».

A. K

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