RDC: L’opposition qualifie la rencontre entre Tshisekedi et Kagamé comme une grosse humiliation

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Le récent sommet à Doha entre le président de la République Démocratique du Congo (RDC), Félix Tshisekedi, et le président rwandais Paul Kagame, a provoqué une vive réaction au sein de l’opposition congolaise, notamment au sein du parti *Ensemble pour la République*, dirigé par Moïse Katumbi. Pour ces opposants, cette rencontre, facilitée par l’émir du Qatar Tamim bin Hamad Al Thani, a jeté une ombre sur l’honneur et la dignité de la RDC.

Les membres du parti d’opposition critiquent vivement le communiqué final de la rencontre, qu’ils jugent dénué de toute substance. En effet, malgré le cessez-le-feu annoncé entre les deux pays, il n’existe, selon eux, aucune garantie quant à sa mise en œuvre. Hervé Diakaze, un membre influent du parti *Ensemble pour la République*, a exprimé ses doutes en soulignant que cette rencontre avait fait de Félix Tshisekedi « le plus grand perdant en termes de prestige, de sérieux et de respect de sa parole ». Pour lui, cette humiliation affecte non seulement la crédibilité du président mais aussi celle du pays tout entier.

Le sommet de Doha n’a pas manqué de susciter une attention particulière au sein de la société congolaise, mais aussi dans les cercles internationaux. Le journaliste et rédacteur en chef du site *Afrikarabia*, Christophe Rigaud, a vivement critiqué l’initiative, la qualifiant d’ »insulte » au président angolais João Lourenço, principal médiateur dans les négociations précédentes. La rencontre de Doha est ainsi perçue par certains comme un coup porté à l’effort international de paix mené sous la direction de Lourenço, ajoutant à l’irritation générale autour de la question des relations entre Kinshasa et Kigali.

Cette initiative, dans laquelle Tshisekedi semble avoir pris les devants en discutant directement avec le président Kagame, est également perçue comme un geste de défi face aux tentatives précédentes de médiation. Le président congolais avait auparavant insisté sur le fait qu’il ne négocierait la fin du conflit dans l’est du pays qu’avec Kagame, qu’il considère comme le « maître » du M23, le groupe rebelle impliqué dans le conflit. Cependant, la question reste ouverte sur l’impact réel de la déclaration de Doha, notamment en ce qui concerne la capacité du M23 à respecter un cessez-le-feu, au vu de l’historique de non-respect des accords de paix précédents.

Le dilemme posé par cette rencontre repose en grande partie sur l’adhésion du M23 aux accords pris à Doha. En dépit de plusieurs cessez-le-feu annoncés en 2024, aucun n’a été respecté, et les représentants du M23 ont déjà exprimé leur indifférence à l’égard des négociations entre Kinshasa et Kigali, soulignant leur absence dans ces discussions. Cette nouvelle réunion pourrait donc se révéler aussi futile que ses prédécesseurs si les parties impliquées ne parviennent pas à garantir la cessation réelle des hostilités.

Ainsi, bien que la rencontre de Doha ait permis de poser des bases pour un éventuel apaisement, elle a également mis en lumière les profondes divisions qui existent non seulement entre la RDC et le Rwanda, mais aussi au sein de la politique congolaise elle-même. La mise en œuvre effective des accords semble désormais plus que jamais incertaine.

Séverin Konan

Ovajabmedia.com

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