Fuite de cacao ivoirien vers les pays voisins/La centrale agricole CESACI prend position

Depuis quelques temps, la Côte d’Ivoire fait face au trafic illégal de la production cacaoyère vers ses frontières

Cette situation qui interpelle les autorités ivoiriennes, était l’un des points à l’ordre du jour de la conférence de presse le vendredi 17 janvier 2025 animé par Seydou Kiébré, Président de la Centrale Syndicale Agricole de Côte d’Ivoire (CESACI).

«Depuis de nombreuses années, la filière cacaoyère en Côte d’Ivoire subit les revers de la fuite du cacao vers les pays voisins. La Centrale Syndicale Agricole tire la sonnette d’alarme, il y’a longtemps car le manque à gagner se chiffre à plusieurs milliards de francs CFA.

En dépit des efforts des uns et des autres, il faut reconnaitre l’ampleur du phénomène, 3000 à 4000 sacs sont transportés par motos ou tricycles chaque jour (4000 x 70Kg = 280.000Kg c’est-à-dire 280 Tonnes par jour ; c’est un Crime économique, il faut le dire », a dénoncé Seydou Kiébré.

Selon lui, ce phénomène se justifie par plusieurs facteurs. « Dans nos tournées de sensibilisation contre ledit fléau, certains planteurs l’ont justifié par l’inaccessibilité des voiries pour pouvoir écouler leurs produits; le prix du cacao qui est plus bas en Côte d’Ivoire que celui proposé dans les pays voisins; la proximité avec ces pays voisins; la liquidité que leur proposent les trafiquants de cacao, là où parfois on leur remet des reçus de pesée d’achat pour attendre plusieurs jours avant d’entrer en possession de l’argent, entendu qu’aucune coopérative n’est financée ni appuyée depuis des décennies.

Il y a également un sentiment d’abandon de la part de l’État et de la structure de régulation de la filière, le Conseil café-cacao, cela s’explique par le fait que le Conseil a subdivisé la zone café-cacaoyère en 13 délégations mais ses agents ne sont pas aussi nombreux pour couvrir toutes les localités. La frustration de percevoir moins qu’ailleurs malgré la flambée des prix à l’international.

Nous dénonçons ce trafic en tant que citoyens et syndicalistes parce que nous estimons que nous devons lutter tous pour l’économie de la Côte d’Ivoire.

C’est vrai que pour certaines questions nous souhaitons que la marge bénéficiaire ou différentiel de ramassage qui est de 100 francs CFA en ce moment soit revue à la hausse au moins à 500 francs CFA, parlant des prix bord-champ.

Tout en remerciant l’Etat de Côte d’Ivoire pour le prix historique de 1.800 francs CFA/Kg de Cacao et 1.500 francs CFA/Kg de Café, nous appelons à un système hybride de commercialisation qui puisse capter les variations des cours à l’international tout en maintenant un prix stabilisé et garanti aux producteurs pour que cessent les frustrations dans le rang des planteurs de Café-Cacao…

Ce n’est pas pour autant que nous allons encourager ou favoriser ce trafic qui fragilise l’économie ivoirienne », a-t-il indiqué
Selon lui, il est évident que si l’Etat n’a pas de ressources, il ne pourra pas faire face à leurs différentes revendications. C’est pourquoi il exhorte les producteurs agricoles de ne pas se faire complices des trafiquants. «Nous demandons aussi à certaines autorités de ne pas cautionner et faciliter le trafic illicite du Cacao ; on est d’accord que l’administration ivoirienne est constituée d’agents intègres avec une conscience professionnelle pour servir et non se servir ; au-delà de l’actualité de ces derniers jours ponctuée par la mise en cause de quelques agents du service public nous devons ensemble faire front contre ce fléau qui gangrène dangereusement notre économie », a plaidé Seydou Kiébré.

En ce concerne l’orpaillage illégal, le conférencier a déclaré : « Pour ce qui est de l’orpaillage illégal, très bientôt la CESA-CI et d’autres structures agricoles lancerons à Yamoussoukro des tournées pour la mise en place des comités de veille et de vigilance pour aider et accompagner l’Etat ivoirien dans la lutte contre ce fléau qui est passe de devenir le premier facteur de dégradation environnementale et qui impacte aussi la sécurité alimentaire et l’économie de la Côte d’Ivoire ».

A K

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Anselme KOKO

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