Côte d'Ivoire : Affaire 541 ha des ex-Fds, à Akoupé Zeudji, les populations reçoivent 1,6 milliards, paiement de purge sur 50 hectares, les investisseurs chinois en possession de leur parcelle

Le village d’Akoupé-Zeudji, situé dans la région d’Alépé, a vécu un moment d’une rare intensité symbolique le 29 août 2024, lorsqu’une cérémonie de libation y a été organisée. Cet événement, loin d’être un simple rite coutumier, s’est inscrit dans un contexte de transformation profonde du paysage local, matérialisée par la cession de 541 hectares de terres nues aux forces de défense et de sécurité ivoiriennes, sous l’égide du Fonds de prévoyance militaire (FPM).

La cérémonie, tenue sur la place centrale du village, a été orchestrée par Nanan Aghoussi Abocon Jules, le chef de terre. La présence de figures éminentes telles que le Commissaire-Colonel Major Olivier Aka, directeur général du Fonds de prévoyance militaire, et madame Tarabe Carolina Keda, représentante de la société chinoise Wisdom Wealth Land, témoigne de l’importance de cet événement. Wisdom Wealth Land s’est vu attribuer une parcelle de 100 hectares au sein des terres cédées, renforçant ainsi le partenariat entre les investisseurs privés et les autorités locales.

Ce rassemblement, marqué par des rites traditionnels en présence des membres de la communauté, des dignitaires du village, et des représentants des autorités locales, s’est imposé comme une expression culturelle profonde de l’adhésion de la population à ce projet d’envergure. La libation, conduite en langue akyé par le chef de la génération Gnandhô, Nanan Aghoussi Abocon Jules, a consisté à implorer les ancêtres pour leur bénédiction et leur protection sur les activités à venir. Ce geste sacré a traduit l’espoir et l’engagement de la communauté pour une collaboration harmonieuse et fructueuse entre les villageois et les nouveaux acteurs du développement.

Nanan Aghoussi Abocon Jules a pris la parole pour demander « la faveur des ancêtres sur cette initiative et sur ceux qui vont y travailler, afin que tout se passe dans le calme et l’harmonie ». À travers ces mots, il a souligné la nécessité d’une convergence entre tradition et modernité pour le bien-être commun.

Ensuite, Nanan Jean-Jacques Tagbé, le chef du village, a apporté des précisions sur le contexte et l’importance de cette cession de terres. Il a expliqué que cette initiative s’inscrit dans la continuité des visions des pères fondateurs d’Akoupé-Zeudji, qui avaient envisagé de mettre en valeur le potentiel foncier de la localité pour favoriser le développement, tant au niveau local que national. Ce projet représente donc une étape cruciale vers l’industrialisation de la Côte d’Ivoire, tout en offrant des opportunités d’emploi et de croissance pour la population.

En soulignant l’importance de cet acte, Nanan Jean-Jacques Tagbé a rappelé que les terres, bien que cédées, restent une partie intégrante du patrimoine de la communauté bayé. Il a affirmé que la communauté d’Akoupé-Zeudji est prête à contribuer activement à la prospérité nationale. « Nous faisons des sacrifices pour que la Côte d’Ivoire rayonne. Ce rayonnement passe par l’industrialisation et la création d’emplois. Akoupé-Zeudji fait sa part », a-t-il insisté, appelant à percevoir la cession de terres non comme une perte, mais comme une contribution volontaire au bien commun.

Au-delà des discours officiels, cette journée a été marquée par une véritable communion entre les différentes parties impliquées. Le chef du village a pris le temps de remercier le président Alassane Ouattara pour son engagement en faveur du développement de la Côte d’Ivoire, espérant qu’il continuera de guider la nation vers davantage de prospérité. La cérémonie s’est prolongée par un déjeuner traditionnel au domicile du chef, suivi d’une visite sur le site des 100 hectares attribués à la société Wisdom Wealth Land. Cette visite a permis de renforcer les liens et d’approfondir le dialogue entre les différents acteurs impliqués dans ce projet ambitieux, ouvrant ainsi la voie à un partenariat basé sur la confiance mutuelle et le respect des valeurs locales.

L’événement a également été rehaussé par la présence des chefs coutumiers et des représentants des détenteurs de droits fonciers, tels que Mathias Yapo et Athanase Amon. Cependant, l’absence remarquée d’Abraham N’gbichi, président de la mutuelle des détenteurs de droits coutumiers, en raison de sa maladie, n’a pas altéré le caractère solennel de cette journée. Cette rencontre a servi de cadre pour sceller l’union entre la tradition et la modernité, tout en ouvrant la voie à un avenir de développement durable et inclusif pour la localité d’Akoupé-Zeudji.

À la fin de la cérémonie, il était clair que cette libation allait bien au-delà d’un simple rite coutumier. Elle représentait l’expression d’une volonté collective de participer activement au développement économique de la Côte d’Ivoire tout en préservant les valeurs et les traditions locales. Cette cérémonie a également marqué le début d’une nouvelle ère de coopération entre les autorités militaires, les investisseurs privés et la communauté locale, unissant les efforts pour construire un avenir de progrès et de respect mutuel.

Ainsi, la libation d’Akoupé-Zeudji, ce jour de fin août, n’a pas seulement béni une cession de terres, mais a également symbolisé un acte de foi en un avenir partagé, où chaque partie peut trouver sa place et contribuer au développement de la nation ivoirienne. Ce moment unique a illustré la volonté d’une communauté de s’ouvrir au monde tout en restant fermement ancrée dans ses racines, offrant un modèle de développement respectueux et inclusif à suivre.

Firmin Mahan